Un pouvoir propre du président de la République
Le chef de l’État a une complète liberté pour désigner le Premier ministre. Le contreseing des membres du Gouvernement n’est pas nécessaire sur le décret présidentiel de nomination du Premier ministre. C'est un pouvoir propre.
Tel est bien le cas lorsque la majorité présidentielle coïncide avec la majorité parlementaire. La situation est différente en cas de cohabitation (pas de majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale) entre un président de la République et une Assemblée nationale de tendance opposée. Il est alors admis que le président de la République nomme un Premier ministre issu de la nouvelle majorité. C’est ce qu’ont illustré les nominations de Jacques Chirac en 1986, d’Édouard Balladur en 1993 et de Lionel Jospin en 1997.
La procédure de nomination avant la Ve République
Une différence importante existe entre la procédure de désignation du Premier ministre sous la Ve République et les pratiques des Républiques précédentes. Sous les IIIe et IVe Républiques, le chef du Gouvernement nouvellement nommé par le chef de l’État devait en effet obtenir l’investiture de la Chambre, c’est-à-dire un vote de confiance entérinant la composition de la nouvelle équipe gouvernementale.
La Constitution de 1958 prévoit, dans son article 49, que "le Premier ministre, après délibération du Conseil des ministres, engage sa responsabilité sur son programme". Mais l’usage le dispense de se présenter de manière systématique devant l’Assemblée nationale pour obtenir l’investiture. En dehors des périodes de cohabitation, la nomination par le chef de l’État est considérée comme suffisante pour légitimer le Gouvernement nouvellement désigné.
Il s’agit d’un pouvoir propre du président.
Toutefois, lorsque la majorité parlementaire est différente de la tendance présidentielle, le président de la République nomme un Premier ministre issu de cette majorité.