Sur la nationale 13bis où viennent d’être installés les panneaux de signalisation limitant la vitesse à 110 km/h, le 24 avril 1970. © Crédit photo : Jean-Pierre Prével / Archives AFP
Rien de bien nouveau toutefois sous le soleil de l’Hexagone. Plus qu’une révolution, il s’agit d’une évolution. Alcool au volant, casque et ceinture obligatoires… et premiers panneaux de limitation de vitesse. Autant de mesures qui s’inscrivent dans la longue liste de celles mises en place depuis les années 1970 pour la sécurité routière. Chaque fois que la vitesse automobile a été réduite, sur route comme en ville, les Français étaient contre, comme le montrent ces vidéos, issues des archives de l’Ina.
Ces dispositions ont pourtant contribué à aboutir à un recul spectaculaire de la mortalité routière en près de 50 ans. Une bataille pour la vie à laquelle « Sud Ouest » s’est associée en 1972, lors d’une première grande croisade, « Halte à l’hécatombe », puis en 1992, en lançant avec la Sécurité routière une deuxième grande campagne en direction des jeunes : « Kaspa ta vie ».
1962 : 60 km/h en ville
Si la première vitesse maximale autorisée date de 1893 et s’applique alors à Paris et aux lieux habités, aucun seuil n’est fixé dans le premier Code de la route qui apparaît en 1921. Le conducteur doit maîtriser son véhicule. Cette situation perdure jusqu’en 1962 où la vitesse est limitée en agglomération à 60 km/h.
1973 : 100 km/h « sur la totalité du réseau routier français »
Le 1er juillet 1973, la vitesse maximale autorisée est fixée à 100 km/h sur l’ensemble du réseau, excepté les autoroutes et la partie déjà limitée à 110 km/h, puis en décembre 1973 à 120 km/h sur autoroutes et 90 sur les autres routes. Avec l’abaissement des seuils d’alcoolémie et l’instauration en 1972 de l’obligation du port de la ceinture de sécurité à l’avant, hors agglomération, la mesure permettra de faire chuter le nombre de mort sur les routes de plus de 16 000 en 1972, à moins de 15 000 en 1974.
Pourtant, les conducteurs sont en grande majorité hostiles à la limitation de vitesse à 100 km/h sur les routes. L’un d’eux s’insurge, estimant inutile la mesure : « Je suis contre la limitation de vitesse parce qu’il ne suffit pas de limiter la vitesse pour limiter les accidents. Il suffirait simplement que les gens respectent le Code de la route et à partir de ce moment-là, on réduirait les accidents d’au moins 80 %. »
Pour les Automobiles Clubs, cette mesure ne suffira pas à faire baisser le nombre des accidents, il faut l’accompagner d’e contrôles obligatoires des véhicules et d’une meilleure formation des conducteurs.
1976 : projet d’une nouvelle limitation de la vitesse en ville à 50 km/h
Trois ans plus tard, c’est cette fois dans les villes qu’on envisage de réduire de nouveau la vitesse à 50 km/h, au lieu des 60 km/h jusqu’alors imposés. La levée de boucliers est immédiate.
« 60, ça casse », « 50, ça passe »
« Aujourd’hui, on lève le pied », titre l’édition de Bordeaux de « Sud Ouest », le 1er décembre 1990. Archives Sud Ouest
En 1982, l’État limite la vitesse maximale sur chaussée mouillée à 80 km/h sur route, 100 km/h sur voies express et 120 km/h sur autoroutes. Mais pour les 50 km/h en ville, il faudra attendre 14 ans. La mesure jugée « irréaliste » par certains entre en vigueur le 1er décembre 1990, avec comme slogan : « 60, ça casse », « 50, ça passe ». L’occasion pour « Sud Ouest » de rappeler que le bilan annuel des tués dans des accidents de la route s’élève déjà à cette date à 58, pour la seule agglomération bordelaise.
Avec la ceinture obligatoire à l’arrière, cette réglementation a permis de voir le chiffre des morts sur les routes françaises décroître de 11 476 en 1989, à 11 215 en 1990.
Début des années 2000 : et si on passait à 30 km/h ?
Climat, pollution de l’air et santé, conditions de circulation de plus en plus saturées aux abords des villes et intra muros… Après les expériences pionnières des années 2000, dont celle de Marmande (Lot-et-Garonne) en 2007, le concept de « ville 30 » fait son chemin en France. Il concerne aujourd’hui quelque 200 villes et tend à se généraliser.
2018 : 80 km/h sur le réseau secondaire
Les départements ont, depuis fin décembre 2019, la possibilité de rehausser à 90 km/h la vitesse maximale autorisée.
Archives AFP
Recours aux éthylotests antidémarrages, dispositions contre le téléphone au volant… et abaissement à 80 km/h de la vitesse sur le réseau routier secondaire. Cette dernière mesure a suscité une levée de boucliers dans le pays, contribuant notamment à la colère des gilets jaunes. Un an après, le bilan est pourtant positif : 3 259 personnes ont perdu la vie en 2018 dans un accident de la route. Soit 189 morts de moins qu’en 2017.