Les caractéristiques du système international contemporain

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V-X
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Les caractéristiques du système international contemporain

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Comment se caractérisait le système international entre 1945 et 1989 ?

En 1945, la Seconde Guerre mondiale prend fin en Europe (8 mai) puis en Asie (2 septembre). Face à l’effondrement de ces régions apparaissent deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique (URSS). Comme suite à l’établissement d’un « rideau de fer » (expression forgée par Churchill) sur l’Europe, chacune prend la tête d’un camp à partir de 1947 :
  • énoncée le 12 mars 1947, la doctrine Truman postule l’existence de deux mondes incompatibles : le monde libre et le bloc communiste ; une politique d’endiguement (containment), consistant à aider les pays menacés par l’expansion soviétique, est alors menée, à l’instar du Plan Marshall (1948-1952) en Europe ;
  • la doctrine Jdanov (22 septembre 1947) y répond : se présentant comme pacifiste, l’URSS condamne l’impérialisme américain et crée une coopération économique avec les pays du bloc soviétique dans le cadre du Conseil d’assistance économique mutuelle (Comecon).
Le monde devient donc bipolaire. Cette Guerre froide est un conflit idéologique, politique, économique et militaire. Tous les États doivent choisir leur camp, à travers la conclusion de pactes ou de traités d’amitié. Par ce jeu d’alliances, chaque conflit local prend une dimension internationale, de la guerre de Corée (1950-1953) jusqu'à l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979.

Cette période est ainsi marquée par une course aux armements, malgré les accords de limitation d’armement à partir de la Détente des années 1970. Dans le domaine nucléaire, on parle de dissuasion : la capacité de chaque camp à détruire l’autre explique que chacun prenne soin d’éviter la dégradation des crises. C’est ainsi que la crise de Cuba (1962), qui marque l’apogée de la Guerre froide, est venue illustrer la célèbre formule de Raymond Aron, énoncée dès 1948 : « Paix impossible, guerre improbable. »

Cette séquence est également marquée par des résistances. En pleine décolonisation, la Conférence de Bandung en 1955 est la première conférence afro-asiatique. Elle marque l’émergence sur la scène internationale des pays du Tiers-Monde, terme forgé par Alfred Sauvy, en 1952. Il s’agit de défendre un discours anticolonialiste et de peser en échappant à la bipolarisation du monde (non-alignement).

L’Organisation des Nations unies, créée en 1945 pour dessiner les contours du monde d’après-guerre, est le reflet de ces rapports de force : le Conseil de sécurité est bloqué par le droit de veto sur les questions stratégiques pour l’un ou l’autre des deux Grands ; l’Assemblée générale devient l’arène du Tiers-Monde.

La chute du mur de Berlin en 1989 puis la disparition de l’URSS en 1991 marquent la fin de la Guerre froide.
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Que recouvrait la théorie de la souveraineté limitée ?

La théorie de la souveraineté limitée, aussi appelée doctrine Brejnev, renvoie à la politique menée par l’URSS dans sa zone d’influence pendant la Guerre froide. Elle signifie la remise en cause partielle de la souveraineté d’un État, et ce en contradiction avec l’égalité souveraine des États, consacrée dans la Charte de l’ONU (art. 2 § 1) et apparaissant comme une protection contre les prétentions des plus puissants.

Son élaboration a lieu dans le contexte de la répression du Printemps de Prague. Souhaitant mettre fin aux velléités réformatrices d’Alexandre Dubček, les Soviétiques mobilisent les troupes de leurs partenaires du Pacte de Varsovie pour envahir la Tchécoslovaquie, la nuit du 20 au 21 août 1968. Cette intervention est menée au nom de la défense des intérêts du camp socialiste.

Plus qu’une théorie abstraite, la doctrine de la « souveraineté limitée » est en réalité liée aux circonstances et construite par touches successives. Léonid Brejnev a d’abord invoqué un appel à l’aide du gouvernement tchécoslovaque, plus tard démenti. Il a alors recours à un argumentaire déjà esquissé avant l’intervention :
  • le 2 juillet 1968, il déclarait que l’URSS ne pouvait être indifférente « aux destinées de la construction du socialisme dans les autres pays » ;
  • le 3 août, à Bratislava, il énonçait que « l’affaiblissement d’un maillon quelconque du système socialiste mondial » affectait directement tous les pays socialistes. Brejnev posait ainsi les contours d’un droit d’intervention de l’URSS dans sa sphère d’influence, formalisant une doctrine déjà mise en œuvre lors de la répression du soulèvement en Hongrie (1956).
Qualifiée de « souveraineté rénovée » par les juristes soviétiques, la souveraineté des États satellites apparaît limitée par l’interdiction qui leur est faite de porter atteinte aux intérêts du socialisme.

Il s’agit donc d’une construction conjoncturelle, destinée à répondre aux critiques immédiates, tout en tentant de s’inscrire dans une conception plus vaste de l’internationalisme socialiste. On peut y voir une tentative idéologique de mobiliser les codes qui régissent les relations internationales de l’après-Seconde Guerre mondiale, mis au service des intérêts de l'Union soviétique. Il s'agit d'invoquer la notion de souveraineté, et d'en détourner l'usage.

Cette doctrine a été critiquée par certains États du bloc socialiste, comme la Chine ou la Roumanie, qui dénonçaient ses effets asymétriques et coercitifs. Elle a été abandonnée sous Mikhaïl Gorbatchev. Dans l’ex-URSS, l’affirmation de la volonté d’indépendance des républiques de la zone soviétique (ex-URSS) a ainsi été précédée par des déclarations affirmant leur souveraineté.
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Qu’appelle-t-on « équilibre des puissances » dans le domaine international ?

La question de la polarité de la scène internationale désigne la concentration ou la répartition de la puissance entre un ou plusieurs États.

Le système unipolaire est l’hégémonie d’un seul État. Cette expression est d’abord employée pour décrire la « pax britannica» au XIXe siècle, fondée sur la puissance monétaire, technologique et militaire du Royaume-Uni. Elle désigne également la puissance américaine dès la fin de la Guerre froide, s’exprimant à partir de la Guerre du Golfe de 1991.

Les systèmes bi- et multipolaires comprennent respectivement deux ou plusieurs États. La première configuration est illustrée par la Guerre froide, chacun des deux Grands, États-Unis et URSS, organisant alors sa zone d’influence autour d’une opposition idéologique forte et de capacités militaires importantes. Les séquences multipolaires prêtent davantage à débat. On pourrait prendre l’exemple de la « Triade », terme utilisé par certains économistes pour évoquer la domination des États-Unis, du Japon et de l’Europe, à la fin des années 1980.

Des conséquences peuvent être tirées de ces configurations en termes de stabilisation de la scène internationale. D’aucuns privilégient la théorie des cycles de puissance, prônant un système unipolaire. La concentration des capacités par une seule puissance rend improbable le recours à la force de la part de pays qui ne pourraient espérer l’emporter, d’où l’idée de stabilité hégémonique. Les conflits peuvent toutefois advenir lors des périodes de transition, au moment du déclin d’une puissance hégémonique et avant son remplacement par une autre. Robert Gilpin, professeur américain de politiques internationales, parle alors de cycles hégémoniques.

D’autres évoquent un équilibre des puissances, configuration dans laquelle la présence de puissances de force équivalente les dissuaderait de recourir au conflit armé. C’est ce qu’illustrent, en configuration bipolaire, les événements de la Guerre froide, ou, dans un cadre multipolaire, le « Concert européen » – qui réorganise l’Europe en 1815 après les guerres napoléoniennes (Congrès de Vienne) – au XIXe siècle.

Enfin, une dernière configuration est celle de l’absence de pôle structurant, autrement dit d’un monde apolaire. Cette position permet de prendre acte de l’émergence des acteurs transnationaux, de la fragmentation du monde et de la difficulté à construire des alliances.
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Comment le système international est-il aujourd'hui structuré ?

Aujourd’hui, le système international semble plus complexe et moins lisible qu’il ne l’a été pendant la Guerre froide ou dans les années 1990. Bertrand Badie parle de système « post-bipolaire », prenant acte de ce que ce système n’est plus. Il n’est plus non plus unipolaire, les États-Unis étant devenus objet de contestation plus que d’attraction, comme on a pu l’observer dans le champ économique face à la progression de la Chine, ou dans le domaine politique, où ils n’ont pu faire prévaloir leur position face à la Russie lors de la crise syrienne.

Il s’agit alors de caractériser ce système. Plusieurs hypothèses peuvent être proposées. Pour certains, le monde contemporain serait à nouveau bipolaire, avec la Chine et les États-Unis (si l’on met l’accent principalement sur l’aspect économique des relations internationales) ; ou avec les États-Unis et la Russie, dans ce que certains décrivent comme une nouvelle Guerre froide. L’usage du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour le vote de résolutions concernant les intérêts stratégiques de l’un ou de l’autre, confirmerait cette hypothèse. Mais les tensions entre ces pays ne structurent pas suffisamment la scène internationale pour pouvoir se satisfaire pleinement de ce modèle bipolaire.

D’autres propositions théoriques esquissent les contours d’un monde multipolaire. Ce modèle permet de prendre en compte la volonté de reconnaissance des pays émergents et notamment des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Un autre terme, celui d’oligopolarité, désigne un nombre limité de « pôles » (entre cinq et dix), aucun n’étant assez puissant pour l’emporter contre la coalition des autres, d’où la nécessité de politiques de coopération.

Enfin, une troisième hypothèse se dégage : celle de l’absence de pôle structurant, autrement dit d’un monde apolaire voire zéropolaire. Cette proposition découle du constat du manque d’attractivité qu’exercent les grandes puissances, incapables de fédérer autour d’elles. Dès lors, il s’agit de prendre en compte la diversité des acteurs, mais aussi peut-être de cesser de penser en nombre de « pôles ».
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Qu’est-ce que la mondialisation ?

La mondialisation est un processus d’intensification et de dérégulation des échanges ainsi que d’intégration des marchés. Si elle revêt une dimension financière forte, elle ne s’y réduit pas, puisqu’elle concerne aussi la politique, la culture ou l’environnement.

Sur un temps long, plusieurs phases de mondialisation peuvent être identifiées. Pour l’historien Fernand Braudel, la traversée de l’Atlantique par les explorateurs européens serait la première mondialisation moderne. Une autre séquence importante concerne la fin du XIXe siècle, jusqu’à 1914. Les progrès technologiques et la diminution des coûts de transport pour les marchandises et les populations font naître un espace mondial avec des échanges multipliés par six entre 1860 et 1914. Après le coup d’arrêt brutal de la « Grande Guerre », si la mondialisation connaît un recul avec la crise des années 1930 et le retour du protectionnisme, elle reprend progressivement après la Seconde Guerre mondiale, pour se développer dans les années 1970.

Cette mondialisation contemporaine se distingue des précédentes formes par une contraction sans précédent de l’espace et du temps, l’enjeu numérique, ou encore la généralisation du libre-échange et les politiques de dérèglementation des échanges portées par des institutions internationales. Entre 1960 et 2010, le volume du commerce international des biens et des services aurait ainsi été multiplié par 15. Cette situation est illustrée par la métaphore du « village global » de Marshall McLuhan (1967).

Cette mondialisation entraîne par ailleurs un traitement commun des enjeux et une uniformisation des pratiques ou comportements attendus de la part des États. Elle suscite en outre une multiplication d’acteurs, au-delà des États, avec une importance croissante prise par les réseaux transnationaux ou des entités comme les firmes multinationales. Pour les libéraux, la mondialisation a des vertus pacificatrices car elle impose aux États, interdépendants, de coopérer entre eux, rendant la guerre contre-productive.

Mais elle fait aussi l’objet de contestations, sur le thème de l’accroissement des inégalités laissant de côté des périphéries face à des métropoles intégrées. Elle suscite également des réactions identitaires contre ce qui est décrit comme une trop grande uniformisation. Une partie de ces protestataires, les altermondialistes, s’identifient par leur nom même à cette dénonciation. La crise de 2008 a quant à elle provoqué un ralentissement du phénomène de mondialisation.
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Quels sont les facteurs de l’augmentation du nombre des États depuis 1945 ?

Le nombre d’États dans le monde a presque quadruplé depuis 1945. À titre de repère, les Nations unies en comptaient 51 à leur création, et en dénombrent aujourd’hui 193, depuis l’adhésion du Soudan du Sud en 2011.

Cela s’explique d’abord par la généralisation du modèle étatique, en regard du déclin des empires. Ce phénomène est illustré par le démembrement des vastes empires austro-hongrois et ottoman, à l’issue de la Première Guerre mondiale.

Ensuite, un des principaux facteurs de la fragmentation de la scène internationale a été la décolonisation et donc l’accession à l’indépendance de nouveaux États par un processus de sécession – l’État originel se maintient mais perd une partie de son territoire au profit d’un nouvel État. Cette dynamique repose sur le principe d’autodétermination promu par l’ONU. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et donc à déterminer librement leur statut politique, est en effet proclamé dès le premier article de la Charte, puis repris au fondement de résolutions historiques de l’Assemblée générale, comme la résolution 1514 adoptée en 1960 (Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux). Cette séquence profite du discours anti-colonial tenu par les deux grandes puissances de la Guerre froide.

Outre la décolonisation, des conflits politiques ou ethniques ont abouti à la création de nouveaux États. On songe ici à la scission en 1993 de la Tchécoslovaquie en deux États indépendants, la République tchèque et la Slovaquie. Cela apparaît comme une modalité de résolution des différends. Les exemples les plus récents sont le Soudan du Sud et le Kosovo. Plus largement, la partition sur une base ethnique repose sur la généralisation du modèle de l’État-Nation. On peut enfin noter l’éclatement de l’URSS et l’accession à l’indépendance de nouvelles républiques.

À l’inverse, la fusion d’États, à savoir la volonté de ne former qu’une seule entité souveraine, est plus rare (exemple de la Syrie et de l’Égypte rassemblées au sein de la République arabe unie entre 1958 et 1961).
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Un gouvernement mondial est-il envisageable ?

Le terme de gouvernement mondial désigne une institution politique qui définirait les orientations pour l’ensemble de la planète. Cette idée correspond à la conviction que les enjeux sont désormais globaux (environnement, pandémies, migrations…) et doivent être traités collectivement. Ce mode de gouvernement permettrait en théorie de faire émerger des solutions transnationales, l’échelle étatique n’apparaissant plus comme pertinente.

Pour ses défenseurs, ce gouvernement serait démocratique et fédéral. Philosophiquement, il s’inspire des projets de paix perpétuelle ou encore du principe du cosmopolitisme et d’universalisme d’Emmanuel Kant (1724-1804). Après la Seconde Guerre mondiale, l’ONU a pu apparaître comme une préfiguration de gouvernement mondial, avec des institutions spécialisées rappelant les thématiques prises en charge au niveau national par les ministères (agriculture, éducation…). La Charte de l’ONU serait alors une sorte de constitution mondiale, or elle n’est contraignante que tant que les États souverains acceptent de s’y soumettre. Dans l’esprit du temps, en 1948, des chercheurs de l’université de Chicago, menés par Robert Hutchins, avaient publié un Projet de constitution mondiale, devant précéder la fondation d’une république fédérale internationale.

Sur le plan théorique, le gouvernement mondial est critiqué pour sa dimension utopiste et son potentiel tyrannique. En outre, au lieu de marginaliser les États, la mondialisation les amène à renforcer leur rôle protecteur et régulateur. Leur capacité à émettre des normes permet de limiter le creusement des inégalités induit par la mondialisation. Enfin, le retour identitaire et la méfiance envers ces aspirations universalistes entraînent une nouvelle fragmentation de l’espace mondial. Cette résistance des États et du local est un défi majeur au projet de gouvernement mondial.

On pourrait alors en retenir un des aspects, celui de « gouvernance mondiale », consistant à coordonner les initiatives des entités étatiques et non étatiques face aux défis contemporains, mais prenant en considération, contrairement au gouvernement mondial, une multiplicité d’acteurs.
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