Le travail gouvernemental

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En quoi consiste le travail gouvernemental ?
De la mise en œuvre du programme gouvernemental au bon fonctionnement de l'administration, l'éventail des missions du Gouvernement est large.

Un vaste champ d'intervention

La mise en application du programme gouvernemental sur lequel une majorité a été élue requiert un certain nombre de choix. Cela se traduit par un certain nombre de mesures et d'arbitrages budgétaires et politiques.

Sur un plan plus technique, le travail gouvernemental consiste en :
  • la préparation de nouveaux textes de lois ;
  • leur mise en œuvre mobilisant tous les agents de l’État, afin de leur donner une traduction pratique pour les citoyens. C’est la raison de la multiplication des circulaires destinées aux fonctionnaires chargés d’appliquer les textes sur le terrain. Elles leur rappellent les raisons d’être de ces textes et la manière dont ils doivent être mis en œuvre.
Le fonctionnement quotidien des services publics constitue en réalité la partie la plus importante du travail gouvernemental, le Gouvernement assumant la responsabilité:
  • des missions régaliennes, liées à la souveraineté de l’État (justice, police, défense nationale, finances publiques, administration générale et locale) ;
  • ainsi que des missions qui relèvent du secteur administré ou du secteur marchand pour certains domaines (éducation nationale, services hospitaliers, sécurité sociale, culture, assainissement et gestion des infrastructures).
L'organisation du travail gouvernemental

Le travail gouvernemental nécessite la collaboration de la présidence de la République – par l’intermédiaire de son Secrétariat général –, du Gouvernement, grâce aux cabinets ministériels et au Secrétariat général du gouvernement, et du Parlement. Mais l’impulsion essentielle provient du Premier ministre. C’est lui qui fixe les grandes priorités de l’action politique.

Le Gouvernement établit un programme de travail pour six mois et de fréquentes réunions coordonnent les initiatives. Le travail gouvernemental donne lieu notamment à des consultations, obligatoires ou informelles, et à des expertises.

Au quotidien, le cabinet joue un rôle d’impulsion ou de suivi des politiques du ministère :
  • le ministre peut décider d’entreprendre une action spécifique nouvelle dans un domaine précis. Le projet de loi ou de règlement est élaboré par le cabinet du ministre, qui prépare la décision, en évalue le coût et les modalités, avant de la communiquer pour avis aux ministres concernés par son application ;
  • il peut aussi s’agir de gérer une action déjà engagée par le ministère. L’administration centrale du ministère, sous le contrôle du cabinet, joue alors un rôle plus important de gestion. Le ministre intervient simplement pour valider les décisions préparées par son administration.
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Comment le Gouvernement coordonne-t-il son action ?

La coordination gouvernementale s'organise autour de nombreuses réunions. Toutes n'ont pas le même objet.

Les réunions qui organisent la coordination gouvernementale

La plus connue est la tenue du Conseil des ministres au palais de l’Élysée sous la présidence du président de la République. Toutes les décisions importantes prises par le Gouvernement y sont délibérées, ou au moins annoncées. Ces décisions deviennent celles de l’ensemble des membres du Gouvernement, qui doit dès lors les défendre.

Par ailleurs, d'autres réunions ont pour objectif de parvenir à une coordination optimale. Il s’agit :
  • des réunions interministérielles (RIM) : regroupant, sous la présidence d’un membre du cabinet du Premier ministre ou de son directeur de cabinet, des membres des cabinets ministériels concernés par un sujet précis ;
  • des comités restreints : réunissant, occasionnellement et sur convocation du Premier ministre, des ministres et des hauts fonctionnaires concernés par une question spécifique ;
  • des comités interministériels : créés par décret et consacrés à un domaine particulier, ils réunissent à intervalle régulier, sous la présidence du Premier ministre, les ministres concernés et un collaborateur du chef de l’État (ex : le Comité interministériel de la sécurité routière créé en 1972, le Comité interministériel de la transformation publique créé en février 2018).
Enfin, une institution a pris une importance décisive, au fur et à mesure de l’accroissement de l’engagement européen de la France : il s’agit du Secrétariat général des affaires européennes (SGAE), qui a succédé en 2005 au Secrétariat général du comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (SGCI), créé en 1948. Cet organe a pour objet d’unifier les positions européennes des différents ministères. Il fait le lien entre eux et la représentation permanente française auprès de l’Union européenne, qui peut ainsi défendre des positions cohérentes.
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Quel est le rôle du Secrétariat général du Gouvernement ?

Créé en 1935, le Secrétariat général du Gouvernement est un organisme administratif qui relève du Premier ministre. Sa principale fonction est d'organiser le travail gouvernemental.


Organiser le travail gouvernemental

Le Secrétaire général du Gouvernement, qui assiste au Conseil des ministres, a en charge la préparation de l’ordre du jour et le secrétariat du Conseil des ministres, de même qu’un grand nombre de réunions interministérielles. Le SGG est une pièce maîtresse du dispositif d’élaboration de la prise de décision, il intervient à toutes les étapes de l’organisation et du fonctionnement du travail gouvernemental, notamment en remplissant une mission de conseil juridique auprès du Gouvernement.

L’institution du SGG date de la fin de la IIIe République, mais c’est à partir de 1947 qu’il a commencé à fonctionner sous sa forme actuelle, après l'adoption par le Conseil des ministres du 3 février 1947 du règlement intérieur des travaux du Gouvernement.

Le SGG est dirigé par un secrétaire général du Gouvernement, qui a toujours été jusqu’à aujourd’hui un membre du Conseil d’État. L’institution est remarquable par sa grande stabilité. Seuls dix secrétaires généraux se sont succédé depuis 1947 (à comparer avec le nombre de gouvernements sous la seule Ve République : quarante-deux à l'été 2020).


Les secrétaires généraux du Gouvernement depuis la Libération
  • 1946-1958 : André Ségalat
  • 1958-1964 : Roger Belin
  • 1964-1974 : Jean Donnedieu de Vabres
  • (1974-1975 : intérim de Jacques Larché)
  • 1975-1982 : Marceau Long
  • 1982-1986 : Jacques Fournier
  • 1986-1995 : Renaud Denoix de Saint-Marc
  • 1995-2006 : Jean-Marc Sauvé
  • 2006-2015 : Serge Lasvignes
  • 2015-2020 : Marc Guillaume
  • Depuis le 15 juillet 2020 : Claire Landais

Assurer la relation avec les services de l'Assemblée nationale

Le SGG veille également à la publication des textes législatifs et réglementaires, et assure les relations entre le Gouvernement et le Parlement. A ce titre, il recueille l'ensemble des rapports transmis par les administrations au Parlement lorsqu'ils sont prévus par la loi.

Il assure la publication des textes au Journal officiel et veille à ce que les décrets d’application prévus par la loi soient pris dans un délai raisonnable.
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L’administration est-elle associée au travail du Conseil d’État ?
Pour chaque texte adressé au Conseil d’État, l’administration désigne des représentants du ou des ministères intéressés auxquels s’ajoute, s’il s’agit d’un texte qui sera délibéré en conseil des ministres, un chargé de mission du Secrétariat général du gouvernement.

Les membres de l’administration sont appelés commissaires du Gouvernement.

Le rapporteur pose aux commissaires du gouvernement, lors de réunions de travail ou par écrit, toutes les questions utiles. Il peut réclamer des précisions, exiger des compléments (par exemple sur l’étude d’impact d’un projet de loi). Il leur fait part de ses désaccords et est attentif à leur point de vue.

Parfois, à la suite de ces échanges, le gouvernement demande, par lettre rectificative, une modification du texte qu’il a initialement adressé.

Les commissaires du gouvernement participent aux réunions des formations consultatives (section, assemblée générale, commission permanente) au cours desquelles le texte est examiné.

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Qu'est-ce qu'un Conseil des ministres ?
Institution spécifiquement française, le Conseil des ministres est la formation collégiale réunissant l’ensemble des ministres. Il s’agit de la seule formation gouvernementale définie par la Constitution.

Le Conseil des ministres se réunit, sous la présidence du président de la République, une fois par semaine, traditionnellement le mercredi, à l'Élysée. l'ordre du jour est déterminé de manière conjointe par le Président et le Premier ministre.

Le déroulement du Conseil des ministres

La réunion comporte trois temps distincts :
  • le premier est consacré aux textes de portée générale − projets de lois, ordonnances, décrets −, pour lesquels une délibération du Conseil est nécessaire ;
  • dans un deuxième temps, sont abordées les décisions individuelles, essentiellement les nominations des hauts fonctionnaires ;
  • le troisième temps est généralement consacré à l’exposé d’un ministre, qui peut présenter l’état d’avancement d’une réforme dont il a la charge, ou à une intervention du Président, qui peut solliciter sur un point particulier l’avis des participants. Chaque semaine, le ministre des affaires étrangères fait un point sur la situation internationale.
À la fin du Conseil des ministres, le Secrétaire général du Gouvernement rédige un "relevé de décisions" rendant compte et attestant des décisions prises. Le Secrétariat général du Gouvernement rédige également un compte rendu intégral des délibérations. Le communiqué distribué aux médias, préparé à l’avance est, au besoin, actualisé.
Note
La partie "D" du quinquennat de Nicolas Sarkozy (2007-2012)

Sous sa présidence, Nicolas Sarkozy a décidé d’engager, une fois l’ordre du jour épuisé, une discussion libre sur un point particulier d’actualité. Cette partie "D" pour débat, à l’inverse des phases précédentes, ne donnait pas lieu à compte rendu. La pratique n’a pas été reprise par son successeur François Hollande, qui est revenu à l’usage selon lequel le Conseil des ministres est un lieu de décision plus que de débat. Emmanuel Macron a renoué avec une pratique similaire en instituant un moment d’"échanges".

Qui siège au Conseil des ministres ?

L'article 9 de la Constitution dispose : "Le président de la République préside le conseil des ministres".

Les secrétaires d’État y siègent normalement lorsque des affaires de leur compétence y sont évoquées. Le Secrétaire général du Gouvernement et le Secrétaire général de la présidence de la République y assistent également.
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Comment s’élabore un projet de loi ?
Un projet de loi est un projet de texte législatif présenté par le Gouvernement devant le Parlement. De la préparation du texte à son examen par le Parlement, le parcours du projet de loi est constitué de nombreuses étapes.

De la préparation du projet à son adoption en Conseil des ministres

Le Premier ministre dispose, avec les parlementaires, de l’initiative des lois (article 39 de la Constitution).

Le président de la République (en dehors des périodes de cohabitation), le Premier ministre, ou un ministre, voulant faire aboutir une réforme, peuvent initier l’élaboration d’un projet de loi.
  1. Les services du ou des ministères concernés préparent alors un projet de texte, qui donne lieu à des consultations et des expertises.
  2. Le projet est transmis pour avis aux ministres concernés par son application. Souvent, plusieurs réunions interministérielles sont nécessaires afin d’aboutir à un texte satisfaisant. En cas de désaccord à l’intérieur du Gouvernement, le Secrétariat général du Gouvernement (SGG) prépare l’arbitrage rendu ensuite par le Premier ministre.
  3. Une étape essentielle, et obligatoire, consiste à recueillir l’avis du Conseil d’État sur le projet de loi. C’est un avis consultatif que le Gouvernement n’est pas tenu de suivre. Le passage devant le Conseil d’État permet notamment de vérifier la régularité juridique du texte. Pour cette raison, le Conseil constitutionnel a décidé que le Gouvernement ne pouvait retenir dans son projet de loi que le texte adopté par le Conseil d’État ou le projet qu’il lui avait préalablement soumis.
Le texte est ensuite présenté et adopté en Conseil des ministres.


De la présentation du projet de loi à son examen par le Parlement
  1. Le projet de loi est alors déposé par le SGG sur le bureau de l’une ou de l’autre assemblée, sauf les projets de lois de finances et de lois de financement de la sécurité sociale qui, conformément à l’article 39 de la Constitution, doivent obligatoirement être déposés en premier lieu sur le Bureau de l’Assemblée nationale, et les lois ayant pour principal objet l’organisation des collectivités territoriales, qui doivent être déposées en premier lieu sur le Bureau du Sénat.
  2. Le projet est accompagné d’un "décret de présentation", précisant les organes qui ont délibéré (Conseil d’État, Conseil économique, social et environnemental...) et l’assemblée devant laquelle le texte est déposé, et d’un "exposé des motifs". La loi organique du 15 avril 2009 impose par ailleurs qu’une "étude d’impact" soit réalisée, précisant l’articulation du texte avec le droit européen, ses modalités d’application et ses conséquences économiques, financières, sociales et environnementales.
Le projet de loi élaboré est alors examiné par le Parlement.
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Qu'est-ce que le pouvoir réglementaire ?

Qui détient un pouvoir réglementaire ?

Le pouvoir réglementaire est défini comme le pouvoir dont disposent les autorités exécutives et administratives pour prendre unilatéralement (c’est-à-dire sans l’accord des destinataires) des actes exécutoires comportant des dispositions générales et impersonnelles.

À la tête de l’exécutif, le partage du pouvoir réglementaire est la règle.

Sous la Ve République, le président de la République détient le pouvoir réglementaire pour les textes les plus importants, c’est-à-dire les décrets délibérés en Conseil des ministres (art. 13 de la Constitution).
Le Premier ministre dispose du pouvoir réglementaire de droit commun : "Sous réserve des dispositions de l’article 13, [le Premier ministre] exerce le pouvoir réglementaire" (art. 21 de la constitution).
En revanche, les ministres ne disposent pas du pouvoir réglementaire en vertu du texte constitutionnel. Il est toutefois possible au Premier ministre de déléguer le pouvoir réglementaire aux ministres. Par ailleurs, le juge administratif a depuis longtemps admis que le ministre disposait d’un pouvoir réglementaire pour organiser ses services (arrêt Jamart du Conseil d’État, 1936).
Les autorités administratives indépendantes (AAI) disposent également d’un pouvoir réglementaire afin de mener à bien leur mission. C’est le cas, par exemple, de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) ou de l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom).
Depuis la révision constitutionnelle du 28 mars 2003, les collectivités territoriales disposent d’un "pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs compétences" (art. 72, alinéa 3).


Quelle délimitation entre le Président et le Premier ministre ?

Une des caractéristiques du régime de la Ve République réside dans l’absence de délimitation nette entre le pouvoir réglementaire du président de la République et celui du Premier ministre. La Constitution ne précise pas quels décrets doivent être délibérés en Conseil des ministres.

La répartition se fait en réalité au cas par cas.

Le chef de l’État signe trois types de décrets : les décrets dont une loi prévoit qu’ils doivent être délibérés en Conseil des ministres, ceux intervenant dans une matière dont l’usage veut que le Président y joue un rôle important (relations internationales, défense), et les décrets que le président de la République juge bon de signer.

Ce dernier élément révèle l’évolution des institutions, au profit du chef de l’État. Le Conseil d’État en a d’ailleurs pris acte. Dans un arrêt Allamigeon et Pageaux de 1994, le Conseil d'État a jugé que, lorsque le président de la République a signé un décret (qui a donc été délibéré en Conseil des ministres), celui-ci ne peut être modifié que dans les mêmes formes (signature du chef de l’État après délibération en Conseil des ministres). Cette jurisprudence est donc favorable à l’extension des compétences présidentielles réalisée depuis 1958.

Référence
La Ve République, une rupture

Sous la IIIe République, le pouvoir réglementaire était entièrement détenu par le président de la République. Au contraire, sous la IVe République, il était l’apanage du seul président du Conseil.

La Ve République marque une évolution importante dans ce domaine puisque contrairement aux régimes qui l'ont précédée, les normes réglementaires ne sont plus seulement des textes d’application des lois. Selon les termes de l’article 37 de la Constitution du 4 octobre 1958, il existe un pouvoir réglementaire autonome, intervenant dans des domaines où la loi n’a pas sa place.
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Pouvoir législatif et pouvoir réglementaire

Les rapports entre pouvoir réglementaire et pouvoir législatif font l’objet d’un vif débat juridique depuis 1958. En effet, dans ce domaine, la Ve République est un moment de rupture, au moins quant aux principes affichés par le texte (articles 34 et 37 de la Constitution).

Avant 1958, la loi n’avait pas de bornes : elle pouvait intervenir dans tous les domaines.

Le pouvoir réglementaire n’avait, quant à lui, qu’une fonction d’exécution des lois. Il n’existait pas de pouvoir réglementaire autonome. De ce fait, un décret était le plus souvent un décret d’application d’une loi.

La Constitution de 1958 apporte des bouleversements...

Domaine de la loi, domaine du règlement (articles 34 et 37 de la constitution)

La Constitution de 1958 marque un premier changement majeur : l’article 37 institue un pouvoir réglementaire autonome. Surtout, la loi, jusqu'alors norme essentielle – au cœur de la hiérarchie des normes, conformément à une tradition bien ancrée de légicentrisme – se voit cantonnée dans un domaine d’attribution. L’article 34 du texte constitutionnel énumère les domaines dans lesquels la loi, soit fixe les règles (dans le détail), soit détermine les principes fondamentaux (le détail étant renvoyé à des décrets d’application). Tous les domaines non évoqués dans cet article 34 relèvent du pouvoir réglementaire.

Ainsi, en rupture avec la tradition juridique française, les normes réglementaires deviennent les normes de droit commun.


La procédure des ordonnances (article 38 de la constitution)

Par ailleurs, la Constitution de 1958 prévoit des extensions du pouvoir réglementaire. L’article 38 organise de la sorte la procédure des ordonnances : le Gouvernement peut, pour l’exécution de son programme, recevoir, par délégation du Parlement, le pouvoir d’intervenir dans le domaine législatif. Il agit alors au moyen de normes réglementaires, les ordonnances, qui ne reçoivent une valeur législative que si elles sont ratifiées par le Parlement. Les ordonnances existaient déjà sous les IIIe et IVe Républiques sous le nom de "décrets-lois" puis de "lois-cadre".

L’article 16 de la constitution étend également les frontières du pouvoir réglementaire en permettant au président de la République de prendre les mesures exigées par une situation de crise.


Mécanismes de protection du domaine règlementaire (articles 41 et 37 de la constitution)

En outre, la Constitution de 1958 prévoit plusieurs mécanismes de protection du domaine d’intervention réglementaire. En effet, l’inquiétude des constituants était que les parlementaires essaient de reconquérir par la loi les prérogatives qu’ils avaient perdues dans le texte constitutionnel. C'est pourquoi le Conseil constitutionnel, devenu aujourd'hui un véritable juge constitutionnel, avait originellement été conçu comme un organe capable de s’oppose aux tentatives du législateur d’empiéter sur le pouvoir réglementaire. Selon l'article 41 de la Constitution, le Gouvernement peut, pendant la discussion parlementaire, opposer l’irrecevabilité à tout amendement ou à toute proposition de loi qui concernerait le domaine réglementaire. Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, cette possibilité est également ouverte au président de l’assemblée saisie.

Enfin, en vertu de l’article 37 de la Constitution, le Gouvernement peut saisir le Conseil constitutionnel pour que celui-ci l’autorise à modifier par décret une loi qui serait intervenue dans une matière de nature réglementaire.


... mais dans la pratique, leur portée a été atténuée

Cet apparent bouleversement du droit public français, tel qu’il a été perçu en 1958, a toutefois été fortement atténué par la suite.

Un pouvoir règlementaire toujours subordonné

En effet, même s’il dispose aujourd'hui d’un domaine autonome, le pouvoir réglementaire demeure subordonné. De fait, les normes réglementaires (au premier rang desquelles figurent les décrets) doivent toujours respecter les lois. Toute personne intéressée peut d’ailleurs faire sanctionner un décret non conforme à la loi en saisissant le juge administratif.

Surtout, la pratique juridique a conduit à limiter considérablement le poids du pouvoir réglementaire. Ainsi, le Conseil constitutionnel, contrairement à ce qu’indique la lettre du texte constitutionnel, n’a pas fait respecter la distinction entre les matières pour lesquelles la loi fixe les règles (dans le détail) et celles pour lesquelles la loi ne doit fixer que les principes fondamentaux. Il a accepté que le législateur intervienne dans le détail dans toutes les matières énumérées à l’article 34 de la Constitution.

Une interprétation libérale de l'article 34

De même, certaines notions contenues dans cet article, et donnant donc compétence au législateur pour intervenir, ont été interprétées de manière très libérale par le Conseil constitutionnel et par le Conseil d’État. Par exemple, l’article 34 énonce que "la loi fixe les règles concernant la création de catégories d’établissements publics". Or, il a été considéré que la Régie autonome des transports parisiens (RATP) constituait à elle seule une catégorie d’établissement public ; sa création a donc fait l’objet d’une loi et non d’un règlement.

Enfin, le Conseil constitutionnel n’a pas systématiquement sanctionné les empiétements législatifs sur le domaine réglementaire. Il a en effet considéré qu’une loi empiétant sur ce domaine n’était pas de ce seul fait inconstitutionnelle dès lors que, pendant la discussion parlementaire, le Gouvernement avait eu la faculté d’opposer l’irrecevabilité (décision 82-143 DC du 30 juillet 1982, "Blocage des prix et salaires").

En définitive, si la Constitution de la Ve République a introduit une grande nouveauté dans l’ordre juridique français dans les rapports entre pouvoir législatif et pouvoir réglementaire, celle-ci n’a donc pas eu la portée que l’on pouvait escompter en 1958.
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Quels textes le Gouvernement doit-il soumettre au Conseil d’État ?
Les projets de loi, les ordonnances et certains décrets sont soumis à l'avis obligatoire du Conseil d'Etat. La Constitution précise les modalités de cette obligation.

Les projets de loi

En application de l’article 39, alinéa 2 de la Constitution, les projets de loi ne peuvent être délibérés en conseil des ministres qu’après avis du Conseil d’État. Cette obligation n’existait pas sous la IIIe République, mais a été établie par l’article 21 de l’ordonnance no 45-1708 du 31 juillet 1945 portant sur le Conseil d’État.

La transmission du projet de loi au Conseil d’État par le Secrétariat général du Gouvernement s’effectue, dans un souci de qualité du travail, au moins quatre semaines avant sa présentation au conseil des ministres, mais ce délai est souvent abrégé.

Le recueil de l’avis du Conseil d’État constitue une obligation sanctionnée par le Conseil constitutionnel : "Si le Conseil des ministres délibère sur les projets de loi et s’il lui est possible d’en modifier le contenu, c’est, comme l’a voulu le constituant, à la condition d’être éclairé par l’avis du Conseil d’État ; […] par suite, l’ensemble des questions posées par le texte adopté par le Conseil des ministres doivent avoir été soumises au Conseil d’État lors de sa consultation" (Conseil constitutionnel, déc. no 2003-468 DC, 3 avril 2003, cons. 7).


Les ordonnances

En application de l’article 38, alinéa 2 de la Constitution, les projets d’ordonnance ne peuvent être délibérés en Conseil des ministres qu’après avis du Conseil d’État.

La transmission du projet d’ordonnance au Conseil d’État par le Secrétariat général du Gouvernement s’effectue, dans un souci de qualité du travail, au moins quatre semaines avant sa présentation au conseil des ministres mais ce délai est souvent abrégé.


Certains décrets

En application de l'article 37, alinéa 2 de la Constitution : les textes de forme législative intervenus en ces matières [dans le domaine réglementaire] peuvent être modifiés par décrets pris après avis du Conseil d'État.

Ces décrets qualifiés de "décrets en Conseil d'Etat", sont soumis à l'avis obligatoire de la juridiction administrative suprême avant d'être présentés en Conseil des ministres. Le défaut de consultation rend illégales les dispositions du décret.
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Qu'est-ce que le Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) ?
Présidé par le président de la République, le conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) traite de l'ensemble des questions de défense et de sécurité. Conçu à l’origine pour répondre à des menaces ponctuelles, le CDSN se réunit régulièrement depuis 2016.

Le conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN) est un organe collégial institué par le code de la défense. Le conseil relève du président de la République.

Quel est le rôle du CDSN ?

Les compétences du CDSN sont énumérées par le décret du 24 décembre 2009. Le conseil définit :
  • les orientations en matière de programmation militaire ;
  • de dissuasion ;
  • de conduite des opérations extérieures ;
  • de planification des réponses aux crises majeures ;
  • de renseignement ;
  • de sécurité énergétique et économique ;
  • de programmation de sécurité intérieure concourant à la sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme.
Le CDSN est assisté par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) (ex- secrétariat général de la défense nationale - SGDN) qui prépare les documents transmis aux ministres et au président de la République lors des réunions.
Information
CDSN : des réunions désormais hebdomadaires

Depuis 2016, le rythme des convocations du CDSN s'accélère. De deux ou trois réunions annuelles sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le CDSN s'est réuni à 32 reprises en 2016 et 42 réunions ont été tenues en 2017, selon le rapport d'activité 2017 du SGDSN. Depuis l'attentat de Nice du 14 juillet 2016, le président de la République a pris la décision de tenir chaque semaine un conseil de défense et de sécurité nationale.

Qui participe au conseil de défense ?

Le CDSN est toujours présidé par le président de la République qui établit la liste des sujets abordés. Selon les sujets, le CDSN se réunit en formation plénière, en formation restreinte ou en formation spécialisée.

Formation plénière
Présidé par le président de la République, le CDSN, réuni en formation plénière, rassemble le Premier ministre, le ministre de la défense, le ministre de l'intérieur, le ministre chargé de l'économie, le ministre chargé du budget, le ministre des affaires étrangères, ainsi que les ministres concernés par les sujets abordés.

Formation restreinte
Le Président détermine la composition de cette formation en fonction des points figurant à l'ordre du jour. Le nombre de participants y est réduit.

Formation spécialisée
Il existe deux formations spécialisées du CDSN :
  • le Conseil national du renseignement. Outre le président de la République, y siègent le Premier ministre, les ministres et les directeurs des services spécialisés de renseignement ainsi que le coordonnateur national du renseignement. Le conseil national du renseignement définit les orientations stratégiques et les priorités en matière de renseignement. Il établit la planification des moyens humains et techniques des services spécialisés de renseignement ;
  • le conseil de l’armement nucléaire. Outre le président de la République, y siègent le Premier ministre, le ministre de la défense, le chef d'état-major des armées, le délégué général pour l'armement et le directeur des applications militaires du commissariat à l'énergie atomique. Le conseil des armements nucléaires définit les orientations stratégiques et s'assure de l'avancement des programmes en matière de dissuasion nucléaire.
Information
Le CDSN a t-il toujours existé ?

Un Conseil supérieur de défense nationale apparaît en 1906. Organe politique de niveau gouvernemental, il vise à coordonner les activités de la défense nationale. L'article 15 de la Constitution de 1958 prévoit la réunion de conseils et comités de défense présidés par le président de la République. À la suite du Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale de de 2008 qui consacre le concept de sécurité nationale, tous les conseils qui traitaient de défense, de sécurité intérieure et de crises extérieures fusionnent au sein du Conseil de sécurité et de défense nationale (CDSN).
"Ceux qui échouent trouvent des excuses, ceux qui réussissent trouvent les moyens
Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson.
"
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